Les Agents Territoriaux Spécialisés des Écoles Maternelles se sont retrouvés du 8 au 10 juillet 2019 pour la 1ère édition des ateliers intercommunaux, organisée par la ville du Gosier.

Elles sont 112 ATSEM du Gosier, de Sainte-Anne, de la Désirade et de Saint-François, à participer à ces ateliers. Dans la salle, aucun homme, pourtant il en existe dans la fonction. Ils représentent 2% à l’échelle nationale.

Ces ateliers intercommunaux sont à l’initiative de la direction de l’éducation de la ville du Gosier, en partenariat avec les directions de l’éducation de Sainte-Anne, de Saint-François et de la Désirade, du CNFPT*, du Rectorat de Guadeloupe et de la CARL. Un séminaire pour permettre aux agents territoriaux de se rencontrer, de partager, d’échanger sur leurs problématiques, leurs bonnes pratiques, et sur l’évolution de leur métier. “Nous avons constaté que ces agents des 4 communes sont confrontés aux mêmes expériences, aux mêmes problématiques. L’objectif est donc d’échanger afin de permettre un enrichissement“ , explique Muriel CIETTE-FLANDERS, Directrice de l’éducation du Gosier.

La ville initiatrice a ouvert la manifestation avec une table ronde sur « l’évolution de l’école maternelle et l’évolution du rôle des ATSEM ». Le métier a fortement évolué ces dernières années. Ces agents encadrent désormais les activités périscolaires et participent aussi à l’accompagnement d’enfants en situation de handicap. “Avant, l’ATSEM avait un rôle d’accompagnant et participait à l’hygiène. Il n’intervenait pas aussi directement dans la vie de la classe. Cela a évolué. Désormais, c’est un agent de référence pour les parents” , précise Jean-Pierre WILLIAM, Vice-Président de la commission Vie scolaire et réussite éducative.

Un agent de référence qui rencontre parfois des difficultés dans sa collaboration avec le professeur. “On s’adapte à l’enseignant mais certains ne nous respectent pas et sortent de leur cadre, regrette une ATSEM. Le lien direct avec le parent on ne l’a plus, car il passe par l’enseignant et plus par nous.” Alors pendant ces 3 jours de séminaire, le binôme avec l’enseignant a été abordé en atelier. D’autres thèmes ont été évoqués : le temps périscolaire de l’ATSEM, la cohésion d’équipe, des ateliers créatifs, et la mobilité.

La direction de l’éducation du Gosier souhaite renforcer les formations à destination des ATSEM. En ce sens, elle a noué un partenariat avec le Centre National de la Fonction Publique Territoriale (CNFPT) pour permettre aux agents d’avoir des outils et des supports, afin de mieux prendre en charge les petits. La ville du Gosier n’exclut pas d’étendre ce séminaire à d’autres métiers, par exemple aux agents d’entretiens ou aux animateurs. D’autres communes souhaitent également reprendre le concept de ce séminaire.


Portraits de deux ATSEM de la Riviéra du Levant

Colette TALCONE, l’amie des touts petits , ATSEM à la Désirade

ATSEM depuis 42 ans à l’école maternelle de la Désirade, Colette TALCONE a sauté le pas en changeant de classe et s’occupe désormais de la toute petite section (TPS) depuis la rentrée 2017. "J’ai suivi la formation pour intégrer la TPS il y a 2 ans, après des années en moyenne et grande section", explique Colette.
Colette est une amoureuse des petits bouts de choux. Maman de 3 enfants et grand-mère de 5 petits enfants, la Désiradienne a en fait, une plus grande famille. "Ces enfants sont tous mes petits enfants. J’ai un bon contact avec les petits et j’aime beaucoup travailler avec eux. Ce que j’aime, c’est d’être à leurs côtés, de les aider à se socialiser, à évoluer et surtout à s’épanouir", déclare t-elle le sourire aux lèvres.
Et les enfants le lui rendent bien. Quand les enfants me voient, ils m’appellent “amie Colette”. J’aime beaucoup ce surnom, je me sens jeune.
Ce métier, on ne le fait pas par hasard selon l’ATSEM. "Je pense que c’est un secteur pour lequel il faut être passionné." Colette Talcone souhaitait travailler dans la petite enfance. Devenir ATSEM n’était pas son premier choix. "Quand je suis sortie de l’école en troisième, je voulais être puéricultrice mais ma mère n’avait pas les moyens. Le défunt maire Mathias Mathurin m’a alors proposé de faire l’intérim des ATSEM qui étaient absentes".

De fil en aiguille, Colette est devenue agent à temps plein. Depuis, elle a vu les évolutions de sa profession. Aujourd’hui, elle déplore le manque de formation. "Nous ne sommes pas formés. La dernière que j’ai faite date d’il y a 2 ans. Donc je suis contente d’être à ces ateliers intercommunaux pour mettre en pratique ce qu’on apprend ici, mais aussi pour évoluer”, assure l’agent.

Colette a vu défiler des générations d’élèves. À 6 ans de la retraite, elle souhaite donner encore beaucoup d’amour à ses petits bambins de la Désirade.


Jacqueline KANCEL transmet son amour aux enfants - ATSEM au Gosier

Jacqueline KANCEL a 43 ans. Elle est devenue agent territorial spécialisé des écoles maternelles il y a 10 ans, après un parcours atypique. “J’ai été secrétaire de direction dans une auto-école, ensuite j’ai travaillé à la maison de l’enfance, puis au centre de gérontologie. J’avais choisi de travailler avec l’adulte. Mais chaque secteur social a sa problématique. J’ai donc opté pour l’enfant car c’est la base d’un adulte. il faut lui offrir une bonne base pour qu’il devienne quelqu’un de bien.”

Jacqueline KANCEL travaille à l’école maternelle Eugène Alexis, au Gosier et s’occupe des TPS. Cette maman transmet aux enfants de l’école le même amour qu’elle porte à sa fille. “Il faut aimer les enfants. Le rôle des ATSEM est de veiller à leur bien-être. Nous devons donc les mettre en confiance car les parents nous les confient, assure t-elle.
L’amour c’est ce qui motive cet ATSEM. “On ne peut pas travailler dans ce secteur sans amour, car après 2 ans les nerfs lâchent. C’est à ce moment là que l’agent peut crier, ou frapper un enfant. Au contraire, il faut plutôt mettre l’enfant en confiance et pour cela, c’est l’amour du métier qu’il faut transmettre.”

L’ATSEM accomplit ses missions pour aider les enfants dans leurs activités et seconder les enseignants. “À chaque rentrée, on a une fiche de poste qui dit notamment que le matin, nous devons accueillir les parents avec les enseignants. Mais ce n’est pas respecté par les enseignants qui n’appliquent pas notre fiche de poste, donc cela crée des conflits.”
Mais ce n’est pas le seul problème rencontré par les ATSEM. “Aujourd’hui, nous avons des enfants très difficiles, explique Jacqueline. Si on lui reflète de l’amour l’enfant vient se confier. Parfois, on sait plus de choses que les parents car ils nous racontent tout. Les parents, eux, ne sont pas toujours accueillants. Mais pour nous, ce sont les enfants notre priorité”.

Dans sa mission, elle a su se faire apprécier et aimer par les enfants qui lui témoignent leur amour avec des petits dessins et de petites attentions.


CNFPT* : Centre National de la Fonction Publique Territoriale